La Brèche

Décrivez-nous le processus de votre création à venir, Nouveau Projet Chapiteau…
Nickolas Van Corven : Pour cette nouvelle aventure, nous sommes cinq porteurs de projet et une dizaine d’artistes. C’est la première création des Malunés dans laquelle n’interviendront pas tous les membres historiques de la compagnie, et qui intégrera même de nouvelles personnes. C’est donc un nouveau mode de fonctionnement pour nous. Pour rappel, nous nous définissions comme une compagnie de cirque en chapiteau, le format que nous chérissons le plus, même si nous développons parfois d’autres formes de représentations. Nous étions ainsi depuis quatre ans en tournée avec juste un duo sous chapiteau et un spectacle de rue : nous avions envie de reprendre un grand projet collectif. Ce qui nous met en mouvement, au sein du collectif, c’est son histoire et l’envie de faire des choses tous ensemble.

Et que souhaitez-vous aborder dans ces retrouvailles avec le cirque nomade en chapiteau ?
NVC : Chacun de nous est traversé par toutes sortes de questionnements. Ces thèmes se cristallisent lors de discussions communes. La création au plateau ne démarrera qu’après ces labos de recherche, et elle durera quatre mois. On se questionne sur le rôle attendu des artistes, qui proposent des choses, et celui du public, qui les reçoit, lors d’une représentation. Nous souhaitons interroger l’impact des spectateurs sur le spectacle vivant, leur ressenti de la force du collectif selon le concept de « la dramaturgie poreuse », de Chantal Mouffe. Or le chapiteau permet la maîtrise de divers éléments (jauge, espace, lumière, son…) favorisant cette porosité, cette proximité avec le public. Nous avions besoin que cette distance entre artistes et spectateurs soit la plus effacée possible.

D’où une perméabilité nécessaire entre le plateau ou la piste et les gradins…
NVC : Dans le spectacle de rue nous n’avons pas de scène. Le public déambule avec nous. Or notre pratique quotidienne d’acrobates est très charnelle, avec une proximité indispensable à nos portés : nous voyons donc les figures avec des angles de vue qui les rendent plus intenses. Nous souhaitons partager ce ressenti avec le public en l’intégrant au plus près de nos acrobaties (portés, machinerie…) C’est pour ce voisinage et cette circulation que nous avons retenu la scénographie du cabaret : un bar actif pendant toute la représentation, de la musique en live, des disciplines typiques (trapèze ballant, mâchoires d’acier, banquine…) et des prises de parole sur des thèmes comme le féminisme, la bienveillance, l’énergie festive d’une foule de concert, la transmission et une touche de transgression.