
Jusqu’à lors, Olivier Debelhoir se déplaçait avec sa yourte (Un soir chez Boris) ou se posait dehors sur un coin de verdure ou de bitume (L’Ouest loin, Une pelle, Tombouctou). La Vie de ma mère sera le premier spectacle de la compagnie en salle. Pourquoi la salle ? Parce que son cirque se fait bavard, parce que le temps est venu pour le funambule d’aller défier le théâtre de verbe sur son propre terrain.
Dans un théâtre, il n’a pas le bon code. Qu’importe, ça débordera !
Comme dans vos précédents spectacles, La Vie de ma mère laissera une grande part à la parole. Quel est son rôle ici ?
Olivier Debelhoir : Depuis quinze ans, dans la Compagnie, nous parlons. Mon écriture s’inscrit dans le mouvement du cirque et de la parole. Ce nouveau spectacle répond à une envie basique, présente depuis le début : mettre du cirque dans un théâtre. C’est aussi simple que ça. Qu’est-ce que cela signifie de placer une écriture de la performance, de l’éclat et même de l’anecdote, dans un théâtre ? À ce niveau-là, tout fait cirque : la rencontre, le texte, la musique…Mon cirque et mon écriture se résument à cette question : comment proposer du vertige aux gens ? Comment le partager et l’introduire dans un théâtre ? Je ne suis pas le premier à le tenter, certes, mais avec notre propre empreinte, cela peut donner quelque chose de singulier. Ce sera notre premier spectacle dans les salles…des autres.
Concrètement, comment procéderez-vous au plateau ou, devrait-on plutôt dire, à la scène ?
O.D : Cela signifie qu’il nous faut questionner les codes du théâtre. Je travaille également toujours sur les attentes du public : c’est ce que j’aime particulièrement dans le cirque. Toutes les formes artistiques doivent composer avec ce paramètre, même la peinture : l’art ne se crée que par le regard qu’y portent les spectateurs, par l’attente du public. En cirque c’est très jouissif : les gens en attendent beaucoup, dès qu’il est annoncé quelque part. Comment l’outil du théâtre (projecteurs, rideau, perches, rapport frontal…) peut-il participer à l’écriture de cirque ? Cela consistera en un jeu avec les spectateurs qui me plaît beaucoup : celui de la comédienne Delphine Lanson qui opérera des allers-retours entre salle et scène, mais sera-t-elle une vraie ou une fausse spectatrice ?
En invitant le cirque au théâtre, vous relevez un défi de dramaturgie…
O.D : La question est de savoir comment aller chercher nos limites et les partager. Cela passe par convier les objets du quotidien que je travaille en cirque, et par faire appel à des gens qui n’en ont pas l’habitude: le spectateur doit pouvoir s’identifier. Spectateurs et acteurs, restent bien sûr à sa place, mais la limite est poreuse. Dans Tombouctou, j’avais ainsi convié mon père sur mon fil de funambule. Autre limite, Michaël Philis assurera la régie sur scène, vêtu de la tête aux pieds d’une armure de chevalier du XVe siècle, tout en devant rester le plus discret possible. Cette performance sera lourde de sens et d’allusions et avec tout cela, j’espère que nous parviendrons à créer un opéra comique, un conte populaire pour petits et grands ouvert sur tous les possibles.
COPRODUCTION
UtoPistes / Association de Préfiguration pour une Cité Internationale des Arts du Cirque
Lyon Métropole
Théâtre de La Mouche
Ville de Saint-Genis-Laval
Théâtre Molière Sète, scène nationale archipel de Thau
Les Célestins, théâtre de Lyon
Scène Nationale de Bourg-en-Bresse
MC2, Grenoble, Scène Nationale
Château Rouge, scène conventionnée
Annemasse
en cours…
La Cie d’un Ours est en convention triennale avec la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes et reçoit l’aide pour ses création de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
D’un Ours est une planète du Ballet Cosmique