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Camille Boitel a développé au fil de ses créations une discipline qui lui est propre, le catastrophisme ! Avec ce nouveau projet, la catastrophe est inhérente au personnage, Fissure. Ce “héros de la nullité”, ce grand “zéro absolu” est un virtuose de l’erreur. “Il ne prévoit rien, sauf l’imprévisible”.
Votre prochain spectacle est un solo autour d’un clown qui ne ressemble à aucun autre : Fissure. Comment est née l’idée de ce personnage singulier ?
Camille Boitel : J’écris ce personnage depuis toujours. Il est la somme de tout ce qui ne peut être joué que par moi-même. Tout commence au collège, un établissement scolaire où être différent représentait une menace pour son intégrité physique. Moi, j’avais les cheveux longs ; du coup je me faisais le plus discret possible. Un jour, suite à une cascade d’incidents en chaîne, je me réveille les cheveux rouge vif. À moitié mort de trouille, j’ai cet heureux réflexe, juste avant d’arriver dans la cour, de me mettre à sourire. Attroupements… tous ne parlaient que de ça. Les autres collégiens me cachaient même avant d’entrer en classe pour surprendre les professeurs. C’était le début, involontaire, d’un spectacle ! L’art transforme le pire cauchemar en jubilation ; ce jour-là, il m’a sauvé ! Un seul sourire aura changé ma vie. Du coup, pour mon spectacle qui a le nom de mon personnage, Fissure aura une chevelure rouge gigantesque.
Fissure concentre ce que tout un chacun refuse : la fragilité, l’accident, la fêlure. Décrivez-nous ce clown décalé.
CB : Jusque-là, pour parler du dysfonctionnement du monde en général, j’ai toujours décrit des gens par le foisonnement, la multitude, l’opulence. Ici, il s’agit d’inventer un personnage qui soit à lui seul l’incarnation de l’erreur. J’ai vu une fois sur scène un clown à la mémoire défaillante et à qui un technicien soufflait le texte. C’était beau, tragique et en même temps monstrueusement drôle. J’ai un autre souvenir, celui d’un clown dont la tête, à cause du froid, fumait. Il entendait les gens rire. Ils riaient non pas parce que ses blagues étaient drôles mais parce qu’ils voyaient le clown croire au comique de ses blagues. La situation était bien plus drôle que tout ce qu’il aurait pu écrire…
J’ai envie, bien que je sache que ce soit très difficile, de jouer avec cette limite-là. Que Fissure fasse oublier l’auteur derrière lui, qu’il puisse être plus que lui-même, un “interprète-accident”.
Parlez-nous de votre façon de procéder et dites-nous ce que vous comptez travailler lors de votre résidence à La Brèche.
CB : Je vais travailler avec Sève Bernard, la seule personne devant laquelle je supporte de jouer avant la vraie rencontre avec le public. Ce qui l’intéresse le plus dans le jeu d’acteur, c’est le moment où ça dérape, où ça surgit malgré lui, où quelque chose devient vrai. Avec le spectacle L’Immédiat, je voulais travailler avec de véritables accidents, mais j’ai fini par m’avouer que les faux accidents étaient plus faciles à jouer que le vrai désordre. Avec Fissure, il s’agit de créer du vrai maladroit, de l’écriture inséparable du réel. À La Brèche, nous travaillerons sur tout ce qui prend du temps, comme les trucages sur les éléments de sécurité du théâtre, plus dangereux que sécurisants.
PRODUCTION
L’Immédiat
COPRODUCTION
Équinoxe – Scène nationale de Châteauroux ; Bonlieu Scène nationale Annecy ; Le Vellein, scènes de la CAPI – Isère ; Trio…S, Scène de territoire pour le cirque ; Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf ; Conseil Départemental de Seine-St Denis ; Ville de Romainville ; La Cascade Pôle National Cirque Ardèche Auvergne Rhône-Alpes ; le Pôle, scène conventionnée d’intérêt national ; avec l’aide du Samovar (Bagnolet) et du théâtre de Grasse
ACCUEIL EN RÉSIDENCE
Théâtre de la Cité Internationale, Paris ; Cie Les Plastiqueurs / la Ferme des 2 Lions, Canteleu
AIDE
Fondation Ecart Pomaret