Elle se jette d’un pont et lui tombe littéralement dessus. Ainsi commence l’histoire de Catharsis, incarnée au plateau par le duo de main à main et au cadre coréen, Marianna Boldini (voltigeuse) et Basile Forest (porteur). Elle aime voler et lui, la voir voler. Ensemble, ils cherchent à rester en l’air le plus longtemps possible, à jouer avec la vie.
Elle se lance, il la rattrape. Il la relance, la rattrape de nouveau. Si elle tombait, tout s’arrêterait.
Votre duo avec Marianna s’est formé au sein de la compagnie XY, en 2016. En parallèle de vos créations respectives, Catharsis s’inscrit comme votre premier projet commun…
Basile Forest : L’envie première, avec Marianna, c’était de travailler ensemble. Nous avons cette pratique commune du cadre coréen et nous souhaitions explorer ce que cette discipline nous raconte. Marianna est partie d’une sensation : celle de se jeter dans le vide. Même si elle est retenue par les pieds, cela évoquait le suicide. Et même si on s’éloigne de cette idée, elle sera celle qui n’a rien à perdre et prend des risques inutiles pour se sentir vivante. De mon coté, je serais hyperprésent, toujours prêt à la rattraper. La structure est née de ce postulat de départ, et elle a demandé de nombreux essais. Le résultat, c’est un pont : celui duquel Marianna se jette. Cela nous plaît parce qu’il est rare, en cirque, d’avoir un agrès qui soit une scénographie concrète avant d’être un agrès.
Que vous permet cette scénographie où l’agrès ne se distingue pas d’emblée ?
BF : La structure nous offre deux postes de cadre coréen, et donc deux recherches distinctes. Un premier au-dessus des tapis pour développer un vocabulaire acrobatique, aérien, et un second poste, à quatre mètres de hauteur et sans tapis, pour explorer la discipline d’une toute autre manière, plus chorégraphique. Le pont passe au-dessus d’un tas de terre et d’herbes, quelque chose d’intemporel où les tapis seront invisibles : nous souhaitons que ce paysage concret emmène le spectateur ailleurs. Il y sera aidé avec la musique d’inspiration orientale de David Brossier. Nous voulions que les deux musiciens soient présents au plateau. Marianna et moi jouerons également parfois de nos instruments en interaction avec eux, tout en développant notre vocabulaire acrobatique.
Parlez-nous maintenant de vos inspirations, et du propos de Catharsis…
BF : Nous sommes inspirés notamment des films Jeux d’enfants de Yann Samuell et de La Fille sur le pont, de Patrice Leconte. Ce qui nous plaît dans ce dernier, c’est cette femme qui veut se suicider mais qui, en acceptant une autre alternative, devient la cible du lanceur de couteau. Nous souhaitons explorer la relation ambiguë qu’un duo implique : qu’elle soit amicale, professionnelle ou amoureuse, elle reste une relation affective entre deux personnes avec ses limites, comme la dépendance. Tout commence par une chute, un attrait du vide rendu comique malgré la gravité. Catharsis évoque quelque chose de sombre, entre deux mondes, mais traité de façon légère. L’écriture au plateau est basée sur l’émotion, entre la peur suscitée par les acrobaties et l’omniprésence de la musique.
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Les Complémentaires