Site Internet : galapiat-cirque.fr
« Au départ, il y a la peur de mourir. Et finalement, il y a aussi celles de ne pas s’accomplir, de ne pas être aimé, d’être abandonné, exclu, ridicule, de finir seul, … Qu’est-ce qui nous écrase, nous enferme ? »
Votre prochain spectacle, Blanc, aborde le mécanisme de la peur. Qu’avez-vous expérimenté lors de votre première résidence à La Brèche ?
Sébastien Wojdan : La première semaine, j’ai travaillé avec Federico Robledo, circassien, danseur, musicien et ami. J’échange beaucoup et souvent avec lui. J’aime son univers et sa sensibilité, pas centrée uniquement sur le cirque, même si nous sommes tous deux issus de ce milieu. Nous partageons la possibilité de nous laisser surprendre par ce qui peut nous arriver, et de nous retrouver sur des délires communs. Dans cette période déconnectée de nos métiers, crise sanitaire oblige, Federico a été l’étincelle qui a permis de rebrancher les choses. En trois ou quatre jours, nous avons tenté plein d’improvisations et d’essais de toutes sortes pour, au final, faire émerger deux scènes. Il nous a offert de nous remettre sur le chemin de la création et de reprendre confiance en nous, et en ce que l’on fait.
Quelles sont ces deux scènes qui sont nées pendant cette résidence ?
SW : La première est une scène de cœur, d’amour. Dans ce spectacle, j’utilise plusieurs mannequins de vitrines. Sur chaque scène, l’un d’eux est là en contrepoint, qu’il raconte quelque chose ou pas. À La Brèche, j’ai expérimenté une dissection de l’un de ces mannequins en polystyrène. J’accroche et j’encadre ensuite son cœur au mur telle une grenouille, dans un geste à la fois clinique et métaphorique parce qu’il saigne : que reste-t-il à la fin d’un amour ? Même si mon personnage s’inspire de l’ambiance d’une scène de torture du film Reservoir Dogs, l’humour est présent dans Blanc. L’autre scène née du travail avec Federico est une auto-dissection avec deux couteaux papillons. Cela faisait plusieurs années que je souhaitais les intégrer à une scène, dans une manipulation chorégraphiée.
Vous avez également travaillé avec le comédien Félicien Graugnard. Qu’en est-il ressorti ?
SW : La base de Félicien, c’est le théâtre, mais il est plus qu’un comédien. Il va au-delà avec l’écriture, le corps, les arts plastiques, le jeu dans la rue, la déambulation… Il est très précis et son regard accompagnera le projet jusqu’au bout. Tout lui tient à cœur : scénographie, lumière, musique et rythme. Il veut rendre les choses limpides et leur donner consistance et profondeur. Moi j’ai toujours peur que les autres s’ennuient ; j’enchaîne les choses très vite pour que le public soit embarqué. Félicien me fait prendre un autre chemin. J’assume de ralentir et de me dire qu’il ne se passe pas rien même s’il ne se passe pas grand chose dans le vide, dans le blanc. Je poursuis donc ce travail, nourri depuis le début par un livre de Kate Tempest, Les Nouveaux anciens.
PRODUCTION
Galapiat Cirque
COPRODUCTION & ACCUEIL EN RÉSIDENCE
Cirk’Éole, Montigny-lès-Metz (57) ; Circuscentrum, Centre Flamand des Arts du Cirque, Gand (Belgique) ; Le Trio…S Théâtre, Scène de Territoire pour les Arts de la Piste, Inzinzac-Lochrist (56) ; Les 3T – scène conventionnée de Châtellerault (86) ; Les Tombées de la Nuit, Rennes (35) ; Provinciaal Domein Dommelhof, Neerpelt (Belgique) ; Le Carré Magique, Pôle National Cirque en Bretagne, Lannion (22) ; Le Channel, scène nationale de Calais (62) ; Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg et le Cirque-Théâtre d’Elbeuf; Houdremont, centre culturel La Courneuve (93) et Conseil départemental de Seine-Saint-Denis (93) …