La Brèche

Votre prochain spectacle sera-t-il, comme les précédents, inspiré de l’univers cinématographique ?
Xavier Lavabre : Oui tout à fait. Cette inspiration est même devenue la signature de la compagnie. Après l’évocation du film noir dans Speakeasy, et celle des films d’action dans Play/Replay, nous aborderons, avec Sans Regrets ?, le genre du film apocalyptique. Cette fois, nous avons le souhait de revenir à nos bases, la chorégraphie et, pour cela, de bénéficier à nouveau du regard artistique et chorégraphique de Régis Truchy. Pour cette création, on s’achemine vers un ciné concert-cirque. Pour la première fois, nous serons en effet accompagnés en live du DJ Supa-Jay. C’est lui qui avait arrangé les compositions de Chinese Man pour Speakeasy, et c’est encore lui qui avait composé la partition de Play/Replay, avec son groupe Bold. Ici, il sera seul et en live avec nous au plateau.

Est-ce l’état actuel de la planète qui vous a poussé à choisir l’univers des films de fin du monde ?
XL : Ann-Katrin et moi ne souhaitons pas forcément aborder cet aspect même si nous le gardons à l’esprit. Le concept est plutôt de raconter l’histoire de deux personnes confrontées à l’annonce d’une météorite qui fonce sur la Terre. Elles vont devoir vivre ensemble ce qui semble être leur dernière heure. Cela nous permet de décrire les étapes que traverse un couple. Tout les oppose et pourtant, ils vont tout faire pour vivre, dans les minutes qui leur restent, le meilleur de leur vie… Nous utilisons la vidéo mais sans image de fin du monde. Il s’agit plus d’une évocation poétique du passé des personnages. Littéralement blancs de peur à cause de la météorite, nous serons en noir et blanc, alors que tout le reste sera en couleurs, conférant ainsi au spectacle un côté rétrofuturiste.

Vous revendiquez depuis toujours votre admiration pour les films muets de Chaplin ou de Buster Keaton. Vos deux personnages évoluent-ils dans leur pas ?
XL : Le registre comique sera assurément présent. On le retrouve dans les étapes que vit ce couple : premier contact, premier baiser, première gêne, maladresse… La base du scénario est écrite, mais avant de passer au travail acrobatique – le main à main, l’écriture s’opère par des allers-retours avec Supa-Jay et nos deux vidéastes. Nous attachons une grande importance aux bruitages (pluie, éclairs…) et au travail de la verticalité dans notre huis-clos. Les deux personnages gravissent les étages d’un immeuble, depuis le rez-de-chaussée où ils se rencontrent jusqu’au toit d’où ils pourront observer la météorite. Lors de notre résidence à La Brèche, nous peaufinerons la liaison entre tous les tableaux du spectacle, de manière à arriver à la première avec un travail toujours léché, comme on l’aime.