La Brèche

Takakrôar, c’est l’histoire d’une belle amitié entre vous trois, Charly Sanchez, Louison Lelarge et Dimitri Lemaire. Qu’avez-vous envie de partager dans ce nouveau spectacle ?
CS, LL, DL : Ce sont les affinités que nous partageons, sur scène comme dans la vie depuis une quinzaine d’années, qui nous ont donné envie, il y a trois ans, de les approfondir encore ensemble. Ce qui nous a tout de suite rapproché, c’est notre langage commun : la musique. Nous sommes tous les trois musiciens : en plus du chant, nous pouvons convier guitare, piano, contrebasse, trompette et oud. Depuis un an, nous nous attelons à l’approche artistique de ce projet. Pour cela, nous avons eu envie de vivre ensemble pour créer plein de matières artistiques ; nous disposons aujourd’hui de la quasi-totalité de la partition du spectacle avant même de l’écrire ! Cette aventure musicale partagée nous a confortés dans notre envie d’en faire un spectacle, qui se déroulerait dans l’intimité d’une yourte.

Le choix de jouer dans une yourte implique forcément une certaine promiscuité.
CS, LL, DL : Après avoir tourné sous chapiteau, nous avions envie d’un tout petit espace, plus léger. Notre yourte fait huit mètres de diamètre et, une fois les gradins remplis avec quatre-vingts personnes, nous évoluons tous les trois sur une piste de quatre mètres de diamètre. C’est une contrainte que nous voulions questionner : le moindre haussement de sourcil, le moindre regard a son importance, vu la proximité du public. Autre aspect que nous mettons en avant : la volonté – dans cet espace doux, intime et tendre de la yourte – de prendre soin les uns des autres, surtout de nos névroses, tics et faiblesses. La yourte est omniprésente. Nous allons même nous approprier certains de ses éléments : notre fil rouge,
c’est de détourner le quotidien des trois personnages avec le recours à l’absurde.

Comment faire du cirque dans ce si petit espace que l’on parcourt en trois pas ?
CS, LL, DL : C’est certain qu’il n’y aura pas de triples saltos ! Par contre nous utilisons tout l’espace de la yourte. Nous testons des choses en labos de recherche, comme prendre des éléments de la structure pour réaliser des acrobaties de studio. Cela fonctionne très bien, par exemple, avec des perches que nous transformons en barre russe. Le spectacle convoquera également des portés, de l’équilibre précaire et du lancer de couteaux. Le moindre de nos mouvements prend de fortes proportions incroyables : nous n’avons donc pas besoin de figures virtuoses. Nos personnages évoluent dans leur quotidien, fait de rituels. Pour les costumes, nous serons sans doute vêtus de vêtements de tous les jours (peignoirs, chaussons…), toujours dans l’idée d’inviter le public dans notre quotidien.